Azincourt (ou Azincourt en français) est entré dans le folklore anglais, largement aidé par la pièce Henry V de William Shakespeare mais aussi parce que l’issue de la bataille qui s’y déroulait le vendredi 25 octobre 1415, entre Anglais et Français, n’était pas censé arriver.
Une petite armée d’archers et de soldats anglais et gallois fatigués, malades et désespérés a triomphé après une bataille courte mais dramatique contre une armée française qui comptait environ quatre fois plus d’hommes, peut-être plus. Les Français étaient confiants, jeunes et frais pour se battre. En Angleterre, c’était le jour de la Saint-Crispin et la plupart des hommes qui se battaient pour Henri d’Angleterre devaient penser à leurs familles et à leurs proches restés au pays, profitant de ce qui était un jour férié rare. On dit qu’avant le début de la bataille, beaucoup d’entre eux ont embrassé la terre de ce coin du Pas de Calais dans le nord de la France, croyant qu’ils y seraient enterrés plus tard dans la journée.
Henry V a entendu la messe, pas une seule fois, mais trois fois et, selon Shakespeare, a prononcé des discours émouvants. Les envahisseurs semblaient condamnés et devaient le savoir.
Mais l’armée anglaise avait une arme secrète : ses archers, dont beaucoup venaient du Pays de Galles. Alors que la bataille commençait et que les Français se précipitaient vers ce qu’ils étaient sûrs d’être une victoire certaine, ils n’étaient absolument pas préparés à être accueillis par un barrage de milliers de flèches qui sifflaient de manière malveillante dans les airs. Lâchées par les arcs longs innovants de leur ennemi, avec une portée de 250 mètres, les flèches perforantes étaient un répulsif dévastateur.
Ce jour-là, c’était le roi Henri V d’Angleterre contre le connétable de France, Charles d’Albret, comte de Dreux dans une énième manche de la guerre de Cent Ans entre ces deux proches voisins. La bataille a commencé vers 10h et était terminée à 16h. Les soldats français, lestés d’armures lourdes, positionnés au fond d’un champ de bataille en pente, s’enlisent très tôt dans la boue de ce matin humide et froid d’octobre et ne retrouvent jamais l’avance. L’Angleterre a prévalu même si la France finirait par gagner la guerre. On pense que les pertes françaises se chiffrent entre 4 000 et 10 000 hommes, les rangs de l’aristocratie sont dévastés. Henry, enflammé par la bataille ou peut-être incapable de faire face au grand nombre de prisonniers avec lesquels il s’est retrouvé et paniqué, a brisé les traditions de la chevalerie et a mis beaucoup d’entre eux à mort. Ce fut pour les Français une terrible tragédie et pour les envahisseurs une victoire inattendue qui devint une légende.
Allez à Azincourt aujourd’hui et vous ne trouverez pas grand-chose pour vous rappeler cette bataille sanglante il y a 6 siècles. Les champs et les bois sont tout aussi verdoyants qu’avant, les jolis petits villages sont nombreux et il y a une rue des Archers. Il y a en bordure d’un champ où s’est déroulée la bataille, une zone marquant un charnier des soldats français. Quelques découpes en bois marquent la ligne qui séparait les deux armées, devenue une route étroite.
Il y a aussi un musée qui commémore les événements qui vaut bien une visite pour ses maquettes, artefacts et représentations historiques. Pour le 600e anniversaire le musée s’est associé à la Gendarmerie Nationale de France en raison de la valeur symbolique de cette bataille pour l’histoire des gendarmes. C’est ce jour fatidique que Gallois de Fougières, un Maréchal de France a été tué pendant la bataille, effectivement, il est le premier gendarme enregistré à être mort dans l’exercice de ses fonctions. Soit dit en passant, « Gendarme » est simplement un dérivé de « gens d’armes », des gens avec des armes, d’où l’expression anglaise « to take up arms » – faire la bataille.
La gendarmerie d’aujourd’hui, est la descendante directe de la maréchalerie de l’ancien régime, plus communément connue sous son titre français, la maréchaussée qui avait la responsabilité de la police militaire. Pendant des centaines d’années, ils ont maintenu la paix et patrouillé dans les rues et la campagne. Pendant la Révolution française, les commandants de la Maréchaussée se sont rangés du côté des réformateurs et non du Roi et ont été rebaptisés « Gendarmerie ».
En 2015, les 600e anniversaire de la bataille d’Azincourt commémorera non seulement la bataille mais la naissance figurative de la Gendarmerie avec une série d’événements, culminant le samedi 25e Octobre avec une soirée commémorative à Azincourt. Des cavaliers de la Garde Républicaine, un parachutage et un show militaire auront lieu de 10h-18h à Azincourt.
Fac bizarret: On croyait parmi les archers anglais pendant la guerre de Cent Ans que les Français avaient l’intention de couper le premier et le deuxième doigt de la main droite de chaque archer capturé pour l’empêcher d’utiliser à nouveau un arc. Les archers ont levé ces deux doigts vers les Français qui avançaient en signe de défi. À ce jour, c’est un geste utilisé par les Britanniques comme un geste d’insulte.
Où loger/manger: La Cour de Rémi est un hôtel restaurant de charme à proximité d’Azincourt. Avec sa cabane dans les arbres originale, son magnifique château et ses jardins, et sa délicieuse cuisine maison de saison, c’est un endroit parfait pour se détendre et profiter de la belle campagne du nord de la France, à seulement une heure de Calais.
Plus d’informations sur Azincourt, le musée et les événements : www.azincourt1415.fr