De Lille à Cambrai, il n’y a qu’un court trajet. Rendez-vous à temps pour déjeuner à la Brasserie Beatus de Cambrai dans l’avenue de Paris et vous vous régalerez. Peter Jones s’y est rendu pour en savoir plus sur un char de la Première Guerre mondiale appelé Deborah. Pas n’importe quel vieux char, mais le seul survivant de la bataille de Cambrai en octobre 1917.
Et quelle histoire de survie c’est.
Cambrai
Mais revenons au déjeuner à la Brasserie Beatus. Avec une entrée de sauccison succulente et le genre de pain que vous ne pouvez obtenir qu’en France, j’avais à peu près de la place pour un déjeuner léger de poulet cuit avec une sauce au fromage Maroilles piquante locale. J’ai pressé du clafoutis aux cerises et une délicieuse assiette de macarons et de gaufres miniatures pour accompagner le café – une excellente façon de savourer des délices typiquement français.
Si jamais vous êtes à Cambrai, la Brasserie Beatus vaut vraiment le détour. C’est un ‘estaminet’ français traditionnel avec un véritable comptoir recouvert de zinc, un spectacle qui se fait de plus en plus rare en France. Il y a aussi un lien avec le célèbre tank Deborah puisque le restaurant appartient à Phillipe Gorczynski, et il faudra lire la suite pour en savoir plus (c’est lui, 3ème en partant de la gauche en haut, le char Deborah derrière).
En allant retrouver Deborah dans la ville de Flesquières, je me suis arrêté au cimetière militaire de Louverval et au mémorial de Cambrai à Doignes. Le nord de la France compte de nombreuses sépultures de guerre et dans celle-ci reposent 124 soldats de l’armée britannique. Le mémorial aux 7000 soldats du Royaume-Uni et d’Afrique du Sud dont aucune trace n’a jamais été retrouvée après la bataille de Cambrai en 1917, concentre vraiment l’esprit.
Flesquieres est à un peu plus de 10 kilomètres au sud-ouest de Cambrai et il y a un simple mémorial surplombant le champ de bataille de la bataille de Cambrai pour représenter tous ces soldats qui sont tombés et ont combattu ici. Ma visite s’est accompagnée du son de la cornemuse jouée par un soldat en uniforme des Gordon Highlanders de 1917, c’est parce que le jour où j’ai visité, un tout nouveau musée contenant le char, a été ouvert.
Le musée des chars Deborah
La bataille de Cambrai est célèbre pour le grand nombre de chars qui y ont participé, un nombre impressionnant de 476 d’entre eux, dont Deborah est la seule survivante. Philippe, dont j’ai mangé au restaurant tout à l’heure, est passionné par la région qu’il habite. Il est passionné par son histoire depuis son enfance. Dans sa jeunesse, une conversation avec une dame âgée d’un village voisin au sujet d’un char enterré à proximité l’a amené à localiser le site du lieu de repos du char. En 1998, il a été fouillé et transféré dans une grange à Flesquières où il est resté jusqu’à l’été 2017.
Il vit maintenant à quelques mètres de là dans un musée construit à cet effet, lui-même sous la forme d’un char de la Première Guerre mondiale, et est reconnu comme monument historique. Étonnamment, à côté se trouve le cimetière British Hill où reposent les corps de quatre membres de l’équipage de Deborah.
En plus du char, le musée abritera de nombreux artefacts et souvenirs de la bataille de Cambrai. Je peux recommander le livre de John Taylor « Deborah et la guerre des chars » – il en dit bien plus que l’espace ici ne me le permet.
Sur place, j’ai eu la chance d’assister à un dîner en l’honneur de l’association Cambrai Tank organisé dans la magnifique abbaye voûtée de Vaucelles. Il y avait des discours et des représentations de la part de nombreux participants. Ce fut une soirée émouvante, surtout lorsqu’un homme de 85 ans qui monta sur scène et d’un doigt tremblant pointa une photo de Deborah en 1917 et le soldat regardant par la tourelle. Dans une pièce silencieuse, il a annoncé “Cet homme est mon père”, il y avait à peine un œil sec dans la pièce.
L’abbaye est ouverte au public et mérite une visite surtout lorsqu’elle accueille son célèbre marché de Noël.
Ma base pour la nuit était le plutôt grand Château de la Motte Fenelon à Cambrai que je peux fortement recommander.
Une région d’histoire
Dans le village voisin de Havrincourt, bien que non ouvert au public, il y a des tunnels construits dans la craie qui ont été utilisés pour le stockage pendant la Première Guerre mondiale par les armées allemandes. Il semble que partout où vous vous tournez, vous découvrirez un soupçon du passé.
Dirigez-vous vers le Brasserie de l’Abbaye au Cateau Cambrésis pour le déjeuner. Vous y trouverez une brasserie entièrement fonctionnelle et très appréciée et un restaurant délicieusement attrayant. C’est l’endroit idéal pour déguster de la bière locale et des plats de saison.
Après des années à parcourir le nord de la France à seulement 90 minutes de Londres en Eurostar à Lille, j’ai découvert que cette partie de la France est pleine d’histoire, d’émotion et bien plus que ce que je peux couvrir ici, cela vaut bien le court voyage à travers la Manche.
Il y a beaucoup à faire dans la région de Cambrai, fortement recommandé est le mémorial Wilfred Owen à Ors, le fabuleux café Mademoiselle d’Armentières, le musée Matisse au Cateau-Cambrésis, où l’artiste est né.
Découvrez plus à faire dans la région: www.tourisme-cambresis.fr et www.tourisme-nord.fr
Un dépliant sur les sentiers pédestres est disponible à l’office de tourisme local en anglais et peut être téléchargé sur www.remembrancetrails-northernfrance.com
Peter Jones est photographe et écrivain indépendant chez : www.jonesphotos.co.uk