Les Pyrénées sont une frontière naturelle séparant la France et l’Espagne et, bien que les plus hauts sommets atteignent plus de 3000m, il y a de belles randonnées entre les villages, en restant principalement dans les vallées.
J’ai longtemps eu envie de visiter les Pyrénées, attiré par la montagne et séduit par la promesse de la bonne chère et du bon vin. Encore mieux, j’ai opté pour une semaine de marche, dans trois hôtels confortables, avec mes bagages transportés entre eux, donc rien de trop fatigant. Venir du Royaume-Uni est relativement facile – un vol pour Toulouse, deux heures de train pour Tarbes, puis 45 minutes en taxi jusqu’à Lesponne. Je serai ici pour deux nuits et le lendemain, je pars pour la première promenade. C’est une montée assez facile jusqu’au lac d’Ourrec à presque 1700m puis c’est plus ou moins la descente par le même chemin. Au bord du lac, il y a une vue imprenable sur les montagnes et en descendant, j’ai un aperçu alléchant du Pic du Midi, à travers les arbres.
Le lendemain, je prends un taxi jusqu’à la station de téléphérique juste à l’extérieur de Lourdes et je suis emmené sans effort jusqu’au Pic du Jer à 940 m. Je suis récompensé par une vue sur la ville, mais des nuages d’orage s’approchent et je me rends compte que je dois bouger si je ne veux pas me mouiller. C’est une descente raisonnablement tranquille à travers les vallées jusqu’à la jolie ville thermale d’Argeles-Gazost, avec un parc anglais et un casino. En fait, les eaux riches en minéraux ont attiré les premiers touristes dans les Pyrénées et pendant des années, le gouvernement français a financé les traitements et a même autorisé les jeux de hasard autorisés.
Argeles-Gazost a un célèbre marché du mardi, mais il est nettement détrempé ce matin car la pluie s’est installée et cela ne vaut pas la peine de s’attarder. Vêtue de la tête aux pieds de mes imperméables, je grimpe dans la brume en me demandant si je ne ferais pas mieux de passer ma journée aux tables de jeu, mais la pluie se dissipe au village de Saint-Savin. Il y avait autrefois un monastère prospère, mais de nos jours, seul le 12e église abbatiale du siècle reste. C’est quand même suffisant pour attirer les pèlerins, et j’aperçois un bus plein, évidemment en détour de Lourdes. Le village lui-même est délicieusement médiéval, centré autour d’une place avec des maisons à colombages, et il y a un joli café où je m’arrête pour me ressourcer.
Pendant la nuit, le temps se détériore et le matin se lève sombre, avec des nuages bas étreignant les montagnes. Je prends un sentier depuis Soulom, longeant la colline, autrefois le seul chemin le long de la vallée et il passe devant les jolis petits villages de Viscos et Sazos, surgissant de la brume. J’arrive à Luz-Saint Saveur juste après le déjeuner et j’ai le temps d’explorer. Il y a une église fortifiée, un château en ruine sur une colline et bien sûr une station thermale dans le village jumelé de Saint Saveur. Napoléon III y séjourna 23 jours en 1859 avec son impératrice Eugénie et elle aurait conçu son fils unique pendant ses vacances. Son mari ordonna la construction du Pont Napoléon pour relier les deux villages, et fut une partie essentielle de la construction de la route vers Gavernie qui est la destination de demain.
Je prends le bus sous la pluie, passe le pont Napoléon et, en une heure, je suis à Gavernie. La brume est faible et il pleut mais je n’ai pas le choix, car c’est censé être le clou de mon voyage et c’est mon dernier jour. C’est une dure montée à travers la forêt et je suis censé avoir une vue magnifique sur le Cirque de Gavarnie mais la visibilité est nulle. On me dit que c’est une incroyable paroi rocheuse de 1700m de haut, 14km de circonférence, formant un amphithéâtre naturel et méritant à juste titre son statut de patrimoine mondial de l’UNESCO. La pluie qui était assez douce jusqu’à présent se transforme soudain en grêle, et je suis pilonné en marchant.
Mon objectif est la Grande Cascade, une cascade avec un dénivelé de 422m, ce qui en fait la plus haute d’Europe. Bien sûr, je ne vois rien mais, comme mon bus n’est pas dans quatre heures, je décide qu’au moins c’est quelque chose à viser. Je monte péniblement au-dessus des éboulis, sans même savoir ce que je vise, mais soudain la brume commence à se former et j’aperçois le bas de la cascade. Au fur et à mesure que je m’approche, la visibilité s’améliore et enfin toute la cascade se révèle. Le soleil sort même dans la vallée et j’ai soudain l’impression que toute la marche en a valu la peine. Le lendemain matin, alors que je m’apprête à reprendre le train de Lourdes, les nuages se sont levés et je sens le soleil pour la première fois. Encore mieux, je peux voir les sommets des montagnes et réaliser ce que j’ai raté.