J’ai beaucoup voyagé en voiture en France au cours des vingt-cinq dernières années. À l’approche d’une nouvelle ville ou d’un nouveau village que je ne connais pas, je suis toujours convaincu que je ne serai pas déçu. Les banlieues peuvent parfois être un peu ternes, mais le “centre ville” sera toujours une lumière brillante pour le style de vie, la culture et la couleur françaises. J’ai pensé une fois cependant que j’avais trouvé une exception à cette supposition. C’était il y a quelques années, lorsque je traversais la Picardie en voiture.
J’avais besoin de visiter un supermarché et je me suis arrêté dans un village appelé Doullens, juste un peu au nord d’Amiens. Je me suis garé à l’Intermarché local, j’ai récupéré mes marchandises et je me suis promené à pied en ville, comme je le fais toujours. J’ai marché le long des rues, visité un kiosque à journaux et pris une tasse de café. C’était une journée terne et grise, tout comme la ville. Je pensais que les rues et les magasins étaient si fades et fanés. Tout semblait si différent de la France familière que j’avais appris à aimer. Je suis retourné à ma voiture et j’ai accéléré à nouveau pour continuer mon voyage prévu.
Quelque temps plus tard, de retour chez moi en Angleterre, il m’est arrivé de lire par hasard sur Doullens dans la presse touristique. J’ai pensé à ma rencontre avec la ville tant de mois auparavant et j’ai commencé à réaliser ce que j’avais manqué. L’écrivain voyageur a décrit Doullens comme un lieu d’une grande beauté, d’une vie française et d’un style familier. Elle a été dépeinte comme une ville avec une histoire longue et fascinante. Les photographies qui l’accompagnaient semblaient avoir si peu à voir avec mes souvenirs récents. J’avais raté quelque chose de grand et j’ai juré de revenir lors de mon prochain voyage en voiture. Doullens est en fait une oasis de culture française classique et d’antiquité parmi la campagne picarde quelque peu uniforme.
À l’époque médiévale, Doullens se tenait entre la France et les Pays-Bas sous domination espagnole au nord. Il est devenu une base naturelle pour la fortification. L’ancien intérieur de la ville est protégé par une vaste et robuste citadelle. Je ne l’avais juste pas vu plus tôt.
Je suis donc revenu à Doullens cette année. En garant ma voiture près de la mairie près du centre, j’ai vu accrochées aux murs des bannières colorées représentant le maréchal Foch et le général Haigh de leur époque pendant la Première Guerre mondiale. Une réunion avait eu lieu à la mairie où des représentants des forces alliées avait rencontré et accepté la nomination du maréchal Foch comme commandant suprême des forces militaires françaises pendant la Grande Guerre. L’hôtel de ville est un lieu historique important pour la France et l’Europe.
Je me suis promené dans la ville et suis tombé sur le musée et les jardins de Lombart. Cet établissement contribue largement à la qualité architecturale du centre-ville. L’édifice et le paysage sont dus à la générosité d’un certain Jules François Lombart à la fin du 19e siècle. Lombart était un fabricant de chocolat local et avait un intérêt sophistiqué pour les beaux-arts. Le musée contient de nombreux exemples de peintures de Corot, Daubigny et Chardin. A l’intérieur, les visiteurs peuvent lire des témoignages sur la vie de Lombart et de nombreuses informations traitant de l’histoire locale. Les jardins sont soigneusement entretenus et représentent tant la beauté cachée et illusoire de Doullens.
Je poursuis ma visite et m’arrête devant l’ancien beffroi. Sa construction remonte au 14e siècle. Il est construit en pierre brute et en brique et représente la liberté de Doullens gagnée par son histoire passée et souvent complexe. Le beffroi a été inscrit sur la liste des sites du patrimoine mondial de l’UNESCO.
Non loin du centre, j’ai trouvé les ruines partiellement conservées de l’église Saint-Pierre. Les origines de cette structure remontent au début du 13e siècle. Il est audacieux et imposant et domine une partie de la ville. C’est une véritable caractéristique à voir car il surplombe les signes plus modernes de la France actuelle. Les restes stériles de celui-ci ont été utilisés comme grange au 19e siècle.
L’église Notre-Dame vient ensuite. C’est un si grand bâtiment pour un centre-ville apparemment modeste. C’est le principal lieu de culte catholique de la ville avec une population d’environ 7000 personnes.
La citadelle de Doullens représente bien sûr, comme tant d’autres villes françaises, le caractère architectural dominant du centre du village. Il subit actuellement un processus de conservation. Il se visite mais uniquement sur rendez-vous restreint. Se renseigner à l’office de tourisme au beffroi.
Sébastien Le Prestre de Vauban s’est fait un nom dans l’histoire de France. Il devient architecte d’ouvrages défensifs militaires et est à l’origine de tant de robustes citadelles à travers toute la France au cours du 17e siècle. Il est issu d’un milieu ouvrier assez modeste mais a été responsable de la construction de plus de 300 remparts de la ville. Il avait un talent et une réputation uniques. La citadelle de Doullens est curieusement la seule structure pré Vauban existante en France. Ce fut cependant l’inspiration pour la fondation de la future carrière de Vauban. Vauban conserve la réputation d’être l’un des piliers de la défense française.
Au milieu16e siècle, la citadelle de Doullens a en fait été construite par Robert Mailly. Il était à l’origine construit en grès, mais ce matériau n’était pas en mesure de repousser les attaques. Plus tard, une grande partie a été remplacée par un enduit de brique plus solide. La France a pu reprendre une grande partie de son territoire local plus tard au 17esiècle et la citadelle de Doullens est devenue presque superflue. Elle servit un temps de prison à des ennemis politiques, dont le propre frère de Louis X111, Gastion d’Orléans.
Plus tard, pendant la Grande Guerre, la citadelle fonctionna comme hôpital. Il a été bombardé par les Allemands en 1918 et de nombreux membres du personnel hospitalier, y compris des infirmières et des patients, ont été tués. Après la Première Guerre mondiale, les remparts ont été utilisés comme maison pour les filles délinquantes. Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclata, les Allemands prévoyaient d’utiliser la citadelle comme base opérationnelle dans le nord de la France pour des attaques à la roquette V1 et V2 contre l’Angleterre. Il n’a finalement pas été utilisé à cette fin.
Victor Hugo, le célèbre auteur français, a une fois été présenté à la citadelle de Doullens et a été conté de son histoire. Il a écouté attentivement et a ensuite répondu de manière célèbre qu ‘«il n’aimait pas beaucoup les citadelles». Les visiteurs peuvent observer les inscriptions murales lors de leur visite de la structure. Il y a des écrits préservés de personnes pendant la Première Guerre mondiale et d’autres documents des siècles précédents. La citadelle possède un certain nombre de tunnels souterrains que les visiteurs peuvent voir. Le domaine est assez vaste et couvre environ 54 hectares.
J’ai effectué ma deuxième visite à Doullens avec culpabilité par une belle matinée de printemps. J’ai regardé la disposition parfaite du village français et je me suis rappelé ce que j’aime tant en France. Je n’ai toujours pas compris pourquoi je n’ai pas eu cette rencontre la première fois. Doullens a un marché animé tous les jeudis vendant des fruits et légumes. C’est une petite ville animée avec un carnaval de rue organisé le dernier samedi de juin de chaque année. Il avait tout ce que j’attendais de la France et avec un petit plus en plus.
Je me suis assis à l’extérieur d’un café sur une terrasse de rue en train de boire un café. Le serveur est revenu et s’est excusé. Il m’avait facturé trop cher et m’a remboursé ma monnaie supplémentaire. J’ai levé les pieds et j’en ai commandé un autre.
Bob Lyons est un ancien pilote devenu écrivain indépendant et un francophile total.
Un descriptif fort intéressant et bien documenté concernant ma ville natale. Un grand merci à Claire Warusfel ma cousine de me l’avoir présenté.